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JO 2024 : le Paris des « invisibles » si près et si loin de la fête

A quelques minutes de marche de l’éphémère parc des Nations, lieu emblématique de célébration des Jeux olympiques (JO), une file d’attente qui n’a, elle, rien de temporaire, s’allonge, avenue de la Porte-de-La-Villette, dans le 19e arrondissement parisien. Mercredi 7 août, plusieurs centaines de personnes en situation de très grande précarité attendent un repas chaud.
« Regardez-nous, regardez comme la France est belle et propre, souffle Issam (un prénom d’emprunt, comme pour la plupart des personnes citées). Il y a la France des JO, la France des touristes, et puis tout autour, il y a ce qu’on préfère ne pas voir, des gens comme moi pour qui rien ne bouge. » Ou presque rien : depuis un an qu’il vit à la rue, expulsé d’un foyer, cet homme de 46 ans, venu d’Algérie, n’avait jamais vécu autant de contrôles policiers. « Paris fait la fête, mais moi, je me sens encore plus regardé d’en haut, encore plus gênant, avec mon sac à dos. Je suis celui qui fait peur », déplore-t-il.
Le grand réfectoire où l’association La Chorba sert les repas fait le plein. Dès la fin d’après-midi, une file d’attente s’est formée le long du bâtiment, qui jouxte la salle de concerts du Glazart. Des hommes pour l’essentiel, majoritairement sans papiers et à la rue. Pauline Duhault, l’une des responsables de l’association, n’a pas constaté de baisse de fréquentation depuis le début des Jeux olympiques. « Nous servons toujours 700 à 800 repas par service, dit-elle, mais nous voyons beaucoup de personnes nouvelles, et nettement moins de mineurs non accompagnés. »
Une fois les plateaux reposés, le dîner se termine par un thé ou un café, à l’extérieur. Dans la file, Sadiq, 37 ans, originaire d’Algérie, passe la nuit sous une tente à Antony, dans les Hauts-de-Seine, et travaille « au noir de temps en temps dans le bâtiment ». Lui aussi témoigne d’une multiplication des contrôles depuis le début des Jeux : « Je n’ai pas de papiers, mais la police me laisse partir. » Même constat pour Walid, 46 ans, Tunisien, chemise écossaise ouverte sur un tee-shirt barré du titre de la série Stranger Things, qui fait les marchés « au noir » et dort dans la rue, porte de Clignancourt.
Akram, 40 ans, « en situation régulière » et à la rue depuis qu’il s’est séparé de sa femme l’an dernier, dort à côté de la gare de Lyon ou dans un parc. Il s’apprête à commencer une formation de cariste. Lui non plus n’a pas été particulièrement inquiété par les forces de l’ordre. Cette misère-là, discrète, à distance des lieux des épreuves olympiques et du centre touristique de la capitale, n’est pas la priorité de la Préfecture de police de Paris, tant qu’elle reste sous les radars.
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